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Philippe Descola

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Philippe Descola


Anthropologue français né en 1949, il a suivi des études de philosophie et d’ethnologie, et a soutenu une thèse dirigée par Claude Lévi-Strauss, qui annonce les prémisses d'un nouveau champ de recherche : l'anthropologie comparative des modes de socialisation de la nature. Pour Descola, la pensée occidentale repose sur une ontologie qu’il appelle "naturaliste" en ce qu’elle passe par l’identification d’une nature à laquelle vient ou non s’opposer une culture.

Par-delà Nature et Culture

Dans ses recherches, Descola entend dépasser le dualisme qui oppose nature et culture en montrant que la nature est elle-même une production sociale. Il met en évidence quatre façons d'identifier les "existants" (quatre "modes d’identification", qui sont des manières de définir des frontières entre soi et autrui) et de les regrouper à partir de traits communs qui se répondent d'un continent à l'autre. Si notre société est naturaliste, d’autres sont animistes ou totémistes :
  • Le totémisme souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains. Il caractérise les sociétés pour lesquelles les discontinuités entre non-humains permettent de penser celles entre les humains ; pour ces sociétés les non-humains sont comme des signes.
  • L'analogisme postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances. Les sociétés où l'analogisme est présent, se caractériseront par des systèmes fortement dualistes.
  • L'animisme prête aux non-humains l'intériorité des humains, mais les en différencie par le corps
  • Le naturalisme qui nous rattache au contraire aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l'aptitude culturelle

Voir article de la revue scientifique Développement Durable et Territoires, Stéphane Callens, septembre 2006



Ainsi, l’opposition nature/culture ne fait plus sens, et il propose en vertu de ces propositions de constituer ce qu’il appelle une écologie des relations. Il s'agit d'une anthropologie non dualiste (qui ne sépare pas en deux domaines ontologiques distincts les humains et les non-humains) qui s’intéresse aux relations entre humains et non-humains.

Naturalisme et société occidentale

Le naturalisme pour Descola, c’est simplement la croyance que la nature existe, autrement dit que certaines entités doivent leur existence et leur développement à un principe étranger aux effets de la volonté humaine. Typique des cosmologies occidentales depuis Platon et Aristote, le naturalisme produit un domaine ontologique spécifique, un lieu d’ordre ou de nécessité où rien n’advient sans une cause, que cette cause soit référée à l’instance transcendante ou qu’elle soit immanente à la texture du monde.

Dans la mesure où le naturalisme est le principe directeur de notre propre cosmologie et qu’il imbibe notre sens commun et notre principe scientifique, il est devenu pour nous un présupposé en quelque sorte "naturel" qui structure notre épistémologie et en particulier notre perception des autres modes d’identification. C’est-à-dire que notre naturalisme détermine notre point de vue, notre regard sur les autres et sur le monde.

Seule la société naturaliste (occidentale) produit cette frontière entre soi et autrui à travers l’idée de "nature". La nature serait ce qui ne relève pas de la culture, ce qui ne relève pas des traits distinctifs de l’espèce humaine, et des savoirs et savoir-faire humains. Cette distinction occidentale, récente, résultat d’une histoire particulière est inexistante dans certaines sociétés.

Créé par: thanh dernière modification: Vendredi 03 of Octobre, 2008 [16:53:16 UTC] par thanh

Des abeilles et des hommes

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